Christian et Joffrey son deux plongeurs de Suisse romande (de la région de Yverdon-les-Bains, dans le canton de Vaud) habitués a plonger ensemble depuis plusieurs années. Il y a quelques temps, et après avoir enregistré plus de 500 plongées récréatives à tous niveaux et en toutes conditions, les deux amis rencontrent, dans leur club de plongée local, deux plongeurs qui reviennent d’un voyage au Mexique. Le sujet de discussion quand un plongeur revient de la Riviera Maya ne peut être qu’un: non, non, il ne s’agît pas ni des grandes cités Maya, ni de la fameuse gastronomie mexicaine. Il s’agît de plongée spéléo, ou “cave diving”. Les deux amis s’y intéressent; et après quelques informations prises, ils se décident: on va partir au Mexique et faire notre cours “full cave”.
Le premier jours de cours, le 1er juin 2009, Christian, Joffrey et moi-même nous retrouvons à Protec pour rencontrer Patrick, l’instructeur. Et moi qui suis-je? Je travaille dans un club de plongeé comme guide de caverne/grotte et comme manager. J’assiste Patrick durant la partie caverne du cours, pour acquérir l’expérience nécessaire afin de devenir instructeur caverne dans un premier temps, puis, si possible, suivre tout le cursus jusqu’à instructeur IANTD Full Cave Instructor auprès de Protec, réputé pour son sérieux et le niveau de ces cours.
Les grottes de la Riviera Maya compte avec peu ou pas du tout de courant et sont pour cette raison presque toujours couvertes d’un lit épais de sédiments. La maîtrise de la flotabilité, de la position dans l’eau et des techniques de propulsion dans ces conditions relèvent d’une importance capitale. De plus, les systèmes de grottes de la Riviera Maya sont les plus étendus et denses au monde. Il est trop aisé de se perdre si l’ont n’a pas été entraîné parfaitement pour la navigation complexe, avec 100m de visibilité comme 2cm… Les instructeurs de plongée spéléo sont évidemment hautement qualifiés, et ne laissent rien passer…
Christian et Joffrey s’en rendront compte très vite!
Après la paperasse et les présentations d’usage, on vide nos sacs et étale son équipement par terre, et déjà les surprises commencent. Il y a quelques temps, nos deux amis avaient acheté un stab récréatif hybride avec ailes et backplate integrés et… pas mal de gadgets inutiles qui pendent partout! “Bien, il faudra adapter tout ça à nos besoins” declare Patrick. Je le connais assez pour comprendre ce qu’il entend par la: “va falloir tailler dans le vif!”. Effectivement, les stab récréatifs fonctionnent parfaitement, mais ils sont tout de même loin du minimalisme et de l’efficacité recherchés par les plongeurs tech et essentiellement spéléo. On utilisera donc le matériel de location de Protec pour le cours: un bon vieux “back plate” en aluminium, Dive Rite “classic wings” et un harnais tout simple et sans chichi. Détendeurs, lampes, dévidoirs, marqueurs, notes, coupe-ligne, poche… quand le tout est empaqueté dans les caisses, départ pour cenote Xtabay et les premiers exercices dans l’eau. Patrick aime commencer par aller dans l’eau avant de faire des grandes théories, et les élèves apprecient.
Couchés sur le ventre sur une table en bois, Christian et Joffrey s’entrainent aux differentes méthodes de propulsion sous l’oeil vigilant et critique de Patrick, avant de les appliquer en surface, sans bouteilles, et de se rentre compte que… ca n’est pas du tout aussi simple qu’il n’y parait! Mais la plongée spéléo n’est ni simple ni une exception, et “entraînement” est le mot clef. On enfile ensuite le scaphandre, et on repart pour les mêmes exercices de propulsion, mais cette fois dans 3-5 mètres de fond.
Position, propulsion, équipement… les details tellement soignés… pratiquemenet tout est nouveau, et pour un plongeur avec plus de 500 plongées, c’est parfois un tout petit peu difficile à accepter qu’il va falloir ré-apprendre pas mal de choses! Mais après quelques jours d’entraînement, les progrès rapides et la satisfaction du travail bien fait font oublier les frustrations initiales.
Après cette première séance, retour a Protec pour un peu de théorie, après avoir déposé les bouteille à la station de gonflage, sur la route en rentrant à Playa del Carmen.
Au deuxième jours, les choses “sérieuses” commencent. On va apprendre à “lire” la ligne et les marqueurs. Puis, au fil des jours, on apprendra à le faire en visibilité zéro, puis en contact avec son equipier et en partageant son air avec lui.
On apprendra à utiliser et plus important à “comprendre” un système de double-bouteilles avec isolateur.
On va apprendre à poser une ligne proprement et tout ça en faisant attention à sa flotabilité, à sa position, à ses palmes, à la communication avec son partenaire, à sa consommation d’air et à la grotte elle-même. Et non seulement on va apprendre à faire tout ca en même temps, mais on va en plus apprendre à le faire avec calme, sérénité, concentration et maitrise.
Et ça ne suffit encore pas!
Il va falloir aussi être conscient de l’incroyable privilège que l’on a de plonger dans un système carstique de plusieurs dizaines de millions d’années, un cadeau de la nature à tous les passionés d’exploration. Un gigantesque et tentaculaire terrain de jeu pour les spéléos… mais un terrain de jeux extrêmement fragile et malheureusement, vu la croissance exponentielle du tourisme dans la Rivier Maya, en sérieux danger d’asphyxie. On va donc apprendre un mot clef:
Conservation.
Durant leur cours, Christian et Joffrey ont probablement appris plus que durant leurs premières 500 plongées récréatives.
Et tout ca pendant les vacances vous me direz? Etais-ce difficile? Oui, sans doute. Etait-ce fatiguant? On peut l’imaginer. Utile? Après les premiers doutes effacés, oui. En gros, est-ce que ça en valait la peine?
Et bien pour toute réponse, je dirai: posez la question à Christian et Joffrey qui – après avoir terminé leur cours de 7 jours avec Patrick à Protec – sont encore dans la région… en train de plonger dans les plus belles grottes du monde, en train de faire des bulles dans les eaux sacrées des Mayas dans des chemins dessinés par la nature il y a des millions d’années. Vivants des émotions si fortes que le lendemain, il n’on pas d’autre choix que… d’y aller encore!
La Riviera Maya vous attends. Les grottes vous appellent… si-si… écoutez bien…